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Energies renouvelables et transition énergétique, où en sommes-nous?

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Commençons par le premier constat : les émissions de carbone d’origine humaine atteignent des nouveaux records, et ce, malgré la pause en 2020 due au Covid.
La principale raison à cela provient de la montée en puissance des pays émergents tels que la Chine et l’Inde. Ces pays ont vu leur classe moyenne progresser, ainsi que leur économie. En parallèle, une partie notre outil industriel a été transféré chez eux.
Fort heureusement, les progrès technologiques, les économies d’échelle mais également les gains de productivité ont rendu les énergies renouvelables plus compétitives que les énergies fossiles pour produire de l’électricité.
Par conséquent, nous observons une forte accélération des installations solaires et éoliennes au niveau mondial qui atteignent 300GW par an, ce qui représente plus de 80 millions de foyers connectés en électricité.
Ces tendances semblent très encourageantes et pourraient être accélérées si l’on considère que certains pays souhaitent augmenter leur souveraineté énergétique.
Il faut quand même nuancer : l’électricité renouvelable, hors hydroélectrique, ne représente que 10% de l’électricité mondiale qui elle-même n’est que le cinquième de l’énergie consommée mondialement.
On comprend donc que le chemin est encore long à parcourir et ne sera pas forcément linéaire. En effet une grosse partie de la diminution des émissions de carbone se fera par la substitution graduelle du charbon vers le gaz.
Enfin, l’énergie nucléaire devrait avoir un rôle important de par le fait qu’elle est pilotable et de forte puissance. Et ceci, tant l’Inde que la Chine l’ont compris et ils augmentent leurs investissements.

Quelle limitation majeure voyez-vous à la progression des énergies renouvelables?

Un risque important est celui de notre dépendance par rapport à certains métaux.
En effet, si on prend l’exemple du cuivre : les installations solaires et éoliennes onshore consomment de deux à trois fois plus de cuivre par megawatt par rapport à une centrale à gaz.
Et cet ordre de grandeur est à peu près le même si l’on compare la voiture électrique à la voiture thermique.
Enfin au-delà du cuivre, d’autres métaux sont recherchés tels que le lithium, le nickel, le cobalt dans les batteries de voiture ou le stockage stationnaire;. Mais également certaines terres rares utilisées dans les aimants puissants qui sont localisés dans les moteurs électriques ou les turbines d’éoliennes en mer.
Si on revient à l’exemple du cuivre, la production future pourrait être limitée par différents facteurs. Premièrement il n’y a pas eu beaucoup de nouvelles découvertes de gisements. Ensuite il y a peu de nouveaux projets en cours et les gisements sont assez pauvres en cuivre. Les teneurs sont de moins de 0,5% par volume extrait par rapport à plus de 1,5% il y a 30 ans. Eh oui, les gisements sont assez anciens.
N’oublions pas le risque social et politique, notamment en Amérique latine, qui concentre une grande partie de la production en métal.
Ainsi certains experts estiment la formation d’un déficit d’ici 2030 ce qui pourrait compliquer la tâche de la transition énergétique.
Enfin, notons que ces métaux sont majoritairement raffinés en Chine ce qui pourrait poser problème à terme en cas de risque géopolitique. Pour remédier à ces risques, l’Europe a voté en 2020 le fameux « green deal ». Plus récemment aux USA l’Inflation Reduction Act de 360 millards USD a permis de financer certains projets, mais également de sécuriser la « supply chain » en relocalisant une partie de la production.

Que penser du niveau des ressources disponibles ?

Si on reprend l’exemple du cuivre, les niveaux de réserve économiquement exploitables sont de l’ordre de 900 millions de tonnes. Cela représenterait plus de 30 années de production future. Bien sûr, il faut augmenter le taux de recyclage.
Mais on peut se poser la question de l’exploitation des ressources métalliques marines.
En effet, de grands gisements ont été découverts et des missions-pilotes ont été effectuées afin de collecter, à 4000m sous le niveau de la mer, des agrégats très denses en cuivre, en nickel et en cobalt.
Bien sûr tout cela doit être réglementé et il faut aussi laisser aux scientifiques la place pour pouvoir faire des études environnementales.

Quelles sont les démarches des groupes miniers en terme de normes ESG?

Selon nous les groupes miniers enregistrent certains succès : premièrement via leur automatisation qui limite le risque humain et les aide en terme d’efficacité. Ensuite on observe qu’ils ouvrent de plus en plus leur capital projet aux communautés locales. Aussi ils poussent vraiment l’utilisation des énergies renouvelables dans leurs opérations, ce qui est positif.
Ils réutilisent massivement l’eau, jusqu’à 80%m dans leurs opérations et certains installent même des sites de désalinisation dans les zones arides telles que le Chili.
Et c’est là où les groupes miniers ont un rôle à jouer mais également une grande responsabilité.

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