Le futur président, élu pour quatre ans, devra affronter les intimidations militaires chinoises croissantes tout en essayant de maintenir de bonnes relations diplomatiques avec ses alliés.
La situation politique à Taïwan
À Taïwan, deux partis principaux s’opposent : le Kouo-Min-Tang (KMT), proche de la Chine et en faveur de discussions d’apaisement avec celle-ci, et le DPP, un parti progressiste et indépendantiste au pouvoir depuis huit ans.
La présidente actuelle, Tsai Ing-wen, ne peut plus se représenter en raison de la limite de deux mandats présidentiels consécutifs.
Lai Ching-te, actuel vice-président de la république de Chine (Taïwan), sera le candidat du DPP. Les sondages donnent l’avantage à Lai Ching-te depuis janvier 2023, en le créditant de 31 à 40% des voix. Le candidat du KMT Hou You-ih rassemblerait quant à lui entre 24 et 37% des intentions de vote, selon une étude sortie dans la presse début janvier.
Parmi les autres candidats se trouvait également le fondateur de Foxconn, Terry Gou. Il avait annoncé en août dernier qu’il se présenterait en tant que candidat indépendant. Suite à cette déclaration la Chine a lancé une enquête fiscale sur le groupe qu’il dirige et il s’est donc retiré.
L’impact des élections à Taïwan sur le marché des semi-conducteurs
Ces élections, bien qu’ayant lieu dans un petit État situé à l’autre bout du globe, sont cependant très importantes pour le reste du monde !
Taïwan est un petit État insulaire situé à l’est de la Chine. C’est un pays stratégique au niveau mondial, en raison de son rôle central dans l’industrie des semi-conducteurs.
En effet, une grande partie des puces électroniques que nous utilisons sont fabriquées dans les usines de « Taïwan Semiconductor Manufacturing Company » (TSMC). La majorité de ses sites de production se situent sur l’île.
TSMC détient une part de marché de 56% au niveau mondial, dont un quasi-monopole sur les puces haut de gamme.
La Chine souhaite la réunification, les Etats-Unis prônent l’indépendance
L’opposition de longue date entre les Etats-Unis et la Chine sur la question de l’indépendance de l’île ne fait actuellement que se renforcer. Les Etats-Unis sont déterminés à soutenir l’indépendance. La Chine quant à elle prône la réunification avec ce pays qu’elle considère comme sa 23ème province. Et ce, bien que Taïwan bénéfice d’une indépendance de fait au niveau politique, diplomatique et militaire. Le président Xi Jinping en a d’ailleurs fait l’un des symboles de son « rêve chinois » de réunification du pays.
Depuis la visite de certains représentants américains sur le sol de Taïwan, la Chine a multiplié les exercices militaires à proximité de l’île.
Bien évidemment, les Etats-Unis soutiennent publiquement l’archipel. Le président Biden a ouvertement déclaré que les Etats-Unis seraient prêts à aller au conflit direct avec la Chine si le parti communiste partait à l’assaut.
Face aux incertitudes quant à l’évolution de la situation, il est important de se poser la question des conséquences d’un conflit ouvert.
Les mesures prises pour éviter la pénurie de puces
Outre les aspects humains, une invasion chinoise pourrait déstabiliser la production de semi-conducteurs. Ceci entraînerait inévitablement un effet domino sur un grand nombre d’industries.
De manière préventive, les occidentaux ont commencé à prendre des mesures pour éviter une éventuelle pénurie de puces à l’avenir. La relocalisation de l’industrie des semi-conducteurs est à l’agenda de nombreuses réunions stratégiques.
De leur côté, les Etats-Unis et l’Europe ont mis en place un « Chips Act », qui permet de soutenir l’industrie des puces, afin de relocaliser la production sur leur sol.
Le gouvernement américain a par exemple prévu une enveloppe de près de $53 milliards d’incitation à la fabrication de semi-conducteurs, ainsi qu’un crédit d’impôt de 25% pour les investissements dans le domaine.
Les conséquences du « Chips Act » aux Etats-Unis et en Europe
Des aides qui portent leurs fruits, puisque selon l’association de l’industrie des semi-conducteurs, le « Chips Act » a engendré plus de 40 projets d’investissement aux Etats-Unis pour un total de près de $200 milliards.
Cela comprend, entre autres, l’ouverture de 23 nouvelles usines de puces et l’expansion de 9 usines existantes. TSMC est notamment en train de construire une usine en Arizona qui devrait ouvrir ses portes en 2025.
En Europe, TSMC est actuellement en discussion avec l’Allemagne et a officialisé en août 2023 la construction d’une unité de production à €10 milliards.
Le grand gagnant de cette histoire pourrait bien être la société américaine « Intel », qui est actuellement en train de développer ses propres usines aux Etats-Unis, tout en négociant avec l’Allemagne sur un projet à €30 milliards.
Certains concurrents, comme Nvidia, n’excluent d’ailleurs pas de passer un jour par les futures usines d’Intel pour produire leurs propres puces électroniques. Ce qui leur permettrait de diminuer leur exposition à Taïwan et ainsi réduire le risque géopolitique qui pèse sur leur activité.
Selon la feuille de route industrielle de production de Intel, Amazon et Qualcomm seraient les premiers gros clients de la société américaine.
Par ailleurs, les tensions Sino-Américaines ne se limitent pas à la relation avec Taïwan. Les USA ont décidé en 2022 d’interdire la vente de puces haut de gamme à la Chine, faisant ainsi monter d’un cran les tensions entre les deux pays.
La Chine ne dispose en effet pas encore du savoir-faire nécessaire à la fabrication des puces les plus sophistiquées, malgré leurs investissements massifs dans cette industrie.
Chez CapitalatWork, nous suivons attentivement l’évolution de cette situation. L’industrie des semi-conducteurs est associée à un grand nombre de secteurs. Une évolution dans cette industrie peut donc avoir des impacts importants sur d’autres secteurs de l’économie.
Les élections prochaines seront peut-être source de nouveaux rebondissements dans cette saga.